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Larmes de sang

En larmes, en entrant dans ma chambre, je me suis assise à mon bureau et j’ai couché ma tête sur mes bras croisés, reposant sur la surface en merisier de mon meuble. Un instant, je crus entendre un bruit mais c’était impossible. Je savais que j’étais seule à la maison.

Maman et papa, deux êtres quasiment inconnus de moi, étaient toujours hors de la maison: Soit au boulot, chez des amis, à leurs soirées mondaines, ou en voyage. Ces deux citoyens de la haute société se fichaient pas mal de négliger leur enfant unique. Cette enfant, une erreur de surcroît, un accident, un banal condom percé, une chose indésirée qu’ils n’ont jamais réussi à aimer. J’ai toujours été au courant qu’ils ne voulaient pas de moi puisque, dès ma naissance, ils m’ont refilée à une nounou et je ne les ai presque jamais vu de toute ma vie. C’est à peine si je sais de quoi ils ont l’air!

 

En gardant ces pensées noires dans ma tête, j’ai relevé le haut de mon corps en dégageant un bras de la surface froide du bureau avec l’intention de me sécher les yeux. Par contre, lors de cette manoeuvre, celui-ci a accroché mon étui qui est tombé, ouvert, par terre. Le contenu s’est éparpillé au sol. J’étais tellement ébranlée, par se qui s’était passé plus tôt, que mes larmes sont automatiquement revenues. Je me suis relevée de ma chaise et accroupie pour ramasser le matériel de mon étui. Je suis restée figée en voyant ma paire de ciseaux ouverte. Les larmes sillonant mes joues et les lames scintillantes de cet objet si banal ont capter mon attention.

J’ai passé mon doigt sur le tranchant de la lame, en repensant à la scène s’étant passée tout-à-l’heure.Mon copain, Math, m’avais violemment poussée contre un mur, après avoir ingurguté lsa moitié de son 60 onces de rhum. J’ai eu droit à toute une raclée parce que j’avais l’intention de le laisser puisqu’il m’avait trompé une fois de trop... Le type populaire, le plus beau et le plus en demande, c’est moi la malchanceuse qui l’a eu. Eh oui! C’est moi l’idiote qui se fait tromper par ce connard et en plus, les salopes avec qui ils a fait ça se disent mes amies. Merveilleux! C’est beau de voir la magnificience de l’amour et de l’amitié.

Les larmes me brouillaient complètement la vue. Je n’en pouvais plus de sentir ce pincement au coeur, atroce sensation de douleur intangible et irrationelle. Cette sensation, cette douleur, me faisais si peur puisqu’elle m’étais si familière. Je l’ai toujours détestée, mais pourtant, elle est plus présente que mon entourage humain. Normal avec les parents que j’ai. Ceux-ci refusent catégoriquement de m’écouter et de me croire lorsque j’ai enfin réussi à trouver un brin de courage pour dénoncer les agressions sexuelles de mon grand-père sur mon corps juvénil...

 

Assez!

 

Pour couper court à ces pensées atroces, j’ai pris appuis sur la lame du ciseaux et j’ai accoté celle-ci sur mon avant-bras en appuyant et en avançant. Les larmes et le pincement au coeur ont semblé s’en aller, comme par magie! Quel soulagement! La douleur physique était présente mais moins intense que l’autre douleur intérieure. Plusieurs images se sont bousculées dans ma tête pendant que la lame continuait son chemin:

Maman, papa, bouteille d’alcool, un mur, les visages de mes nombreuses «amies», Math avec son éternel regard vitreux...

Tout cela se répercutait dans on esprit mais impossible d’arrêter.

 

Une marque, deux marques, trois marques...

Je n’en tenais plus le compte.

 

Soudain, retour à la réalité. La lame pleine de sang, ce liquide rouge, chaud et dégoulinant de mes plaies. J’ai fini par oublier tous mes soucis pour me concentrer à arrêter ce flot de sang et me faire un bandage.Ensuite, je suis restée fixée sur la lame pleine de sang pendant un assez long moment. Je ne pourrais dire combien de temps je suis restée à observer mes ciseaux tachés de rouge, car j’avais totalement perdu la notion du temps. J’ai finalement pris l’initiative de la ramasser pour aller la laver. Par après, j’ai aussi ramassé le contenu de mon étui, comme s’il ne s’était absolument rien passé.

 

Je n’ai jamais compris se que j’ai ressentie ce jour-là, ni aucun autre incident semblable s’étant passer après celui-là. Impossible d’en parler pour arriver à comprendre ou, au ,moins, me vider le coeur. De toute façon, qui aurait bien voulut m’écouter?

Mes amis qui ne pensent qu’à s’amuser, mes parents absents, mon petit copain violent et bourré? Sûrement pas... Je suis, donc seule dans ma noirceur.Seule avec mon secret si lourd et si troublant. Je ne comprend pas et j’ai peur de moi-même.

Pour terminer, je crois que tu as compris mon désarrois et qu’il serait une insulte à ton intelligence de te référer à mon journal intime, prosté au milieu de ma table de chevet, pour te donner plus de détails suceptible de te montrer ma douleur m’ayant poussée à ouvrir les canaux contenant le liquide qui me tenais si bien en vie auparavant...

 

Audrey-Anne Valmont

 

Des larmes se mirent à rouler sur les joues de l’inconnue maternelle et celle-ci serra la lettre contre son coeur en repensant aux nombreuses marques de mutilations sur le cadavre de sa fille et en se disant qu’elle aurait pu empêcher le drame du suicide ainsi que d’apaiser celui de l’automutilation...



08/09/2012
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